Houari Touati, « Bayt al-hikma : la Maison de la sagesse des Abbassides », in Houari Touati (éd.), Encyclopédie de l’humanisme méditerranéen, printemps 2014, URL = http://www.encyclopedie-humanisme.com/?Bayt-al-hikma.
À leur avènement, les Abbassides entreprennent de constituer à Bagdad une bibliothèque qui va devenir la plus prestigieuse de toutes, après celle fondée par les Ptolémés à Alexandrie. Au temps d’al-Mansûr (754-775), leur deuxième calife, cette institution bibliothécaire reçoit le nom de « trésor de la sagesse » (khizânat al-hikma). Á ce titre, elle est conçue comme un « dépôt » (mustawda‘) et comme un lieu de travail pour les grands lettrés de la cour qui y venaient lire pour écrire. S’agissant d’Aristote, c’est certainement ici que Jâhiz a consulté son Histoire des animaux, ses Catégories et ses Analytiques. C’est peut-être là aussi que le grand écrivain de Basra installé à Bagdad a pris connaissance d’Euclide dont il cite les Éléments, de Galien auquel il emprunte sa monographie sur l’ours, d’Hippocrate dont il démarque le Livre des aphorismes, de l’Anonyme indien qui a composé les Siddhanta en astrologie, connus sous le nom arabe de Sindhind. Mais si la bibliothèque n’était pas accessible à tous les lecteurs, ses livres l’étaient paradoxalement moins. Ses maîtres avaient fait le choix d’une étonnante modernité en les faisant porter à la connaissance de tous les lettrés de l’empire. Presque aussitôt traduits, les livres étaient disponibles en librairie. Dans les années 820, l’Almageste de Ptolémée et les Éléments d’Euclide étaient vendus vingt dinars dans une belle édition reliée par un libraire de Bagdad et enseignés au domicile de l’un des astrologues d’al-Ma’mûn. Pour les acquérir, un futur chef des astrologues de ce même calife, encouragé par l’accueil qui était fait aux savants à la cour, commet l’irréparable en volant la monture de son père (Ahmad b. Yûsuf al-Kâtib,Kitâb al-Mukâfa’a, 141-142).
À leur avènement, les Abbassides entreprennent de constituer à Bagdad une bibliothèque qui va devenir la plus prestigieuse de toutes, après celle fondée par les Ptolémés à Alexandrie. Au temps d’al-Mansûr (754-775), leur deuxième calife, cette institution bibliothécaire reçoit le nom de « trésor de la sagesse » (khizânat al-hikma). Á ce titre, elle est conçue comme un « dépôt » (mustawda‘) et comme un lieu de travail pour les grands lettrés de la cour qui y venaient lire pour écrire. S’agissant d’Aristote, c’est certainement ici que Jâhiz a consulté son Histoire des animaux, ses Catégories et ses Analytiques. C’est peut-être là aussi que le grand écrivain de Basra installé à Bagdad a pris connaissance d’Euclide dont il cite les Éléments, de Galien auquel il emprunte sa monographie sur l’ours, d’Hippocrate dont il démarque le Livre des aphorismes, de l’Anonyme indien qui a composé les Siddhanta en astrologie, connus sous le nom arabe de Sindhind. Mais si la bibliothèque n’était pas accessible à tous les lecteurs, ses livres l’étaient paradoxalement moins. Ses maîtres avaient fait le choix d’une étonnante modernité en les faisant porter à la connaissance de tous les lettrés de l’empire. Presque aussitôt traduits, les livres étaient disponibles en librairie. Dans les années 820, l’Almageste de Ptolémée et les Éléments d’Euclide étaient vendus vingt dinars dans une belle édition reliée par un libraire de Bagdad et enseignés au domicile de l’un des astrologues d’al-Ma’mûn. Pour les acquérir, un futur chef des astrologues de ce même calife, encouragé par l’accueil qui était fait aux savants à la cour, commet l’irréparable en volant la monture de son père (Ahmad b. Yûsuf al-Kâtib,Kitâb al-Mukâfa’a, 141-142).
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